Maylis de Kerangal est l’auteur de plusieurs romans très connus comme Corniche Kennedy (2008), Naissance d’un pont (2010), Réparer les vivants (2014), Jour de Ressac est son huitième roman.
L'histoire débute par la découverte d'un corps échoué sur une plage du Havre. L'identité de l'homme demeure un mystère, et les enquêteurs ne disposent que d'un indice unique : un ticket de cinéma retrouvé dans sa poche, portant un numéro de téléphone. Ce numéro appartient à la narratrice, une doubleuse professionnelle d'une cinquantaine d'années, qui se retrouve malgré elle impliquée dans l'affaire. Si elle ne reconnaît pas le défunt, elle reconnaît en revanche sans hésitation la ville de son passé : ses rues, son cinéma, son bar, ce paysage familier qui ressurgit à mesure que l'enquête progresse. Tandis qu'elle tente de comprendre ce qui la relie à cet inconnu, elle ravive des souvenirs enfouis, transformant ce qui semblait être une simple enquête policière en un voyage intérieur, une exploration de l’intime et s’élevant en réflexions profondes.
Ce roman prend la forme d'une introspection, explorant le passé et ses failles, à la recherche de ce qui s'est évanoui. Maylis de Kerangal pose un regard délicat sur des blessures anciennes, les traces qu'elles impriment et celles que l'on choisit d'ignorer. L'ensemble compose un récit subtil qui, en jouant avec les attentes des lecteurs – parfois peut-être trop habilement –, se distingue par sa sensibilité et sa justesse.
Extrait : "Il était midi quand je suis montée sur la digue – je voulais faire moi aussi la promenade au phare. Un halo d'humidité flottait sur la jetée, qui s'est évanoui dès que je me suis approchée, la barre devenant alors très réelle, tendue, et rehaussée côté mer d'un muret de béton tel un rab de rempart, si bien que j'entendais les vagues cogner contre la muraille, le boucan du ressac, mais je ne voyais rien. Au loin, le phare projetait son désœuvrement sur l'avant-port, fou et solitaire, résigné à attendre le soir pour émettre sa signature lumineuse : un éclat rouge toutes les cinq secondes visible à vingt et un milles nautiques. Le battement cardiaque de la nuit portuaire." (Jour de ressac, page 105).
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